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Le patrimoine architectural des Quatre Lieux : Les moulins à eau Le moulin de Jean Leclerc de Saint-Césaire |
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Est-ce que vous savez qu’il ne reste que trois moulins à eau présentement dans les Quatre Lieux? Deux sont situés à Saint-Césaire et l’autre à Rougemont. Tous ces moulins sont des propriétés privées. Ils furent construits dans la première moitié du 19e siècle et ils servirent à bien d’autres utilisations que moudre le blé. | ||||
De par sa fonction, le moulin fut un élément indispensable de la vie de nos ancêtres. Sous le régime français, le seigneur se devait de posséder un moulin dans sa seigneurie où les censitaires allaient obligatoirement faire moudre le blé. Tout comme l’église et son perron, le manoir seigneurial, la boutique de forge et le magasin général, le moulin est un lieu d’échanges et de convivialité. Le seigneur y passe même parfois des contrats. | ||||
Le métier de meunier est un métier exigeant. Il doit parfois travailler jour et nuit pendant de longues périodes. La tâche du meunier ne se limite pas à la fabrication de la farine. Il doit également assumer l'entretien du moulin et, surtout, veiller au bon fonctionnement des mécanismes de celui-ci. Il évite les pannes en effectuant des opérations routinières : le nettoyage et le déglaçage des canaux, par exemple, qui visent à maintenir un débit constant. Malgré tous ces efforts de prévention, les bris mécaniques occasionnels sont inévitables. Dans ce cas, le meunier exhibe ses talents de bricoleur, s'improvisant parfois charpentier ou menuisier. | ||||
Le moulin de Jean Leclerc (nom du propriétaire actuel) fut construit en 1829 par Philippe Foisy, habitant du rang des Quarante de Chambly. Il ne s’établit sur sa nouvelle propriété que 18 mois plus tard. Son moulin était construit en bois sur un solage de pierres. La construction de ce moulin répondait à un réel besoin de la population qui continuait de progresser par l’ouverture de nouveaux rangs dans la paroisse. Selon l’acte notarié, il devait payer au seigneur Debartzch une rente annuelle de 25 louis pendant 20 ans en retour de l’usage exclusif du moulin. | ||||
Le 6 septembre 1845, à l’âge de 63 ans et 11 mois, le seigneur Pierre-Dominique Debartzch décède et c’est sa fille Marie-Cordélie épouse du comte de Rottermund polonais exilé au pays, qui hérite de cette partie de Saint-Césaire. Celle-ci laissa à Foisy l’usage du moulin moyennant la même rente, soit 25 louis annuellement. | ||||
À l’automne 1854, l’honorable Mondelet, juge de la Cour supérieur de Trois-Rivières se porte acquéreur de cette partie de l’ancienne seigneurie de Debartzch. Il exige aussitôt qu’on lui remette le moulin. Il entreprend alors de reconstruire le moulin en pierres des champs et d’apporter des améliorations techniques à celui-ci. Il ajoute aux moulanges existantes des machines à carder la laine. Il donne ce contrat à un nommé Antoine Robert le 13 mars 1855, pour la somme de 670 louis et il confie la gestion de ce moulin à son gendre Jules Lamothe qui était aussi son agent dans la seigneurie. | ||||
Le 9 décembre 1870, le moulin est vendu par l’autorité du shérif du district de Saint-Hyacinthe. Louis Dubreuil banquier de Saint-Césaire s’en porte acquéreur et le même jour il revend celui-ci à M. Georges Angers, le premier de la lignée des meuniers Angers qui vont se succéder pendant des décennies à la tête de ce moulin de la rivière Barbue. En effet, c’est son fils Philippe qui prend la relève en 1901, pour à son tour le léguer à son garçon Georges-Henri en 1919, lequel à son tour le passait à son fils René en 1955. Il sera le dernier des meuniers Angers à faire tourner la grande roue à godets. Le progrès étant indéniable, la grande roue sera remplacée dorénavant par des moteurs diesel puis par l’électricité qui feront actionner les moulanges jusqu’au début des années 1970. | ||||
Monsieur Jean Leclerc devint propriétaire du moulin le 19 mars 1976 et au fil des ans, il le transforma en une habitation privée, tout en respectant le cachet et les particularités du moulin. Comme il le dit si bien : « Le moulin est arrêté dans le temps, mais il peut repartir en tout temps ». La ville de Saint-Césaire a reconnu en décembre 2009, le moulin Leclerc comme monument historique. M. Leclerc a sauvé cette bâtisse unique des Quatre Lieux. Bravo pour cet amour du patrimoine! | ||||
Gilles Bachand | ||||
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